Intruse... ou amie ?

Alors qu'elle quittait le camp dans lequel elle avait grandie, Rexia, la jeune dragonne aux écailles rouges rubis, la dernière... enfin, tout-du-moins, c'était ce qu'elle croyait... représentante de son espèce, dut marcher sur la pointes des coussinets, une expression venant de ses amis druides. Afin de faire le moins de bruit possible, la grande créature aux écailles rouges levait les griffes en l'air, les empêchant de taper le sol, et se déplaçait donc sur la paume de ses pattes... l'expression "sur la pointe des pieds" avait donc été remplacée chez-elle par "sur la pointe des coussinets". Il était encore très tôt, dans le royaume dont Camelot était la capitale, et c'était l'une des parties les plus calme de la journée, le silence était presque palpable, uniquement rompu par le chant de quelques oiseaux sur le réveil. C'était le moment où le soleil commençait à peine à se lever, où les animaux nocturnes avaient rejoins leur terriers, leurs nids, ou tout-simplement un coin sûr et confortable où dormir pendant la journée, et pendant ce temps, leurs frères diurnes commençaient à peine à émerger de leur sommeil. Dans le paysage qui commençait à être éclairé par les rayons d'ors, et où le ciel avait la couleur du brasier, c'était les plantes qui semblaient encore dominer la forêt.

Rexia s'amusa beaucoup à voir des lambeaux de brume s'envoler et dans sous chacun de ses pas... elle était cependant déjà bien grande et ce léger brouillard matinal ne la gênait pas, car elle pouvait dresser son long cou de serpent et voir par-dessus. Ce qui la dérangé le plus, dans un tel matin, c'était le froid... on pouvait dire ce que l'on voulait sur les dragons, ils restaient des reptiles, au sang froid, qui préféraient les bains de soleil à la brume fraîche. Mais heureusement, la jeune femelle avait dans son ventre une puissante source de chaleur, qui était à l'origine de son souffle ardent, qui l'aidait à réguler la température de son corps et lui permettait de ne pas tomber en hypothermie. Elle regrettait cependant de se sentir un peu somnolente, et d'avoir le pas lourd... heureusement que les druides avaient eux-aussi le sommeil lourd.

Rexia s'était vraiment levée très tôt, ce matin-là. Pourquoi ? En réalité, elle ne saurait pas elle-même répondre à cette question... elle avait reçu l'un des rayons naissant du soleil en plein dans l'oeil, après que celui-ci soit passé entre les branches des arbres qui dominaient son nid à l'autre extrémité du campement, et cela l'avait réveillé en sursaut... dès lors, elle avait essayée, mais elle n'avait pas réussie à se rendormir. Alors elle avait décidée de partir faire une petite marche matinale, afin de se réchauffer les muscles... elle avait pour projet d'aller jeter un oeil au lac d'Avalon pour voir si elle ne pouvait pas y voir des fées. Cependant, il lui fallait aller doucement... hors de question de réveiller les druides. Ces êtres, qui l'avaient sauvée quand elle n'était encore qu'un bébé dragon, et qui l'avaient élevée comme l'une des leurs, n'étaient pas du genre à réprimander le fait qu'elle les aurait réveillés, mais ils lui auraient encore une fois rabâchés qu'elle ne devait pas sortir seule du camp... "Tu dois restée cacher !", "Si les hommes d'Uther te découvrent, ils vont te tuer !", "Tu vas nous mettre tous en danger !", et gnagnagna, gnagnagna gnagnagna, gnagnagna gnagnagna ! Rho, elle les aimait plus que tout, mais ce qu'ils pouvaient l'agacer, parfois !

Elle n'était plus une dragonnette, maintenant ! Elle pouvait se débrouiller tout-seule, et n'hésitait jamais à se venter du fait que si des soldats venaient un jour lui chercher des écailles, elle n'hésiterait pas à tous les brûler vif ! Hélas, elle était devenue trop sûr d'elle, en grandissant, et même si ils essayaient, les druides ne pourraient réfréner éternellement son besoin de liberté, son besoin de trouver son père et peut-être futur compagnon... et son besoin de venger la mort des siens. Alors elle était partie sans prévenir personne, et sans attendre d'avis. Elle était tellement grande que de toute-façon, ils ne pourraient pas la sanctionner pour juste cette petite rébellion... Rexia aimait et respectait les druides, mais elle n'avait pas peur d'eux.

En passant à côté d'un arbre, la dragonne dérangea un couple de merles qui s'envolèrent en piaillant... elle était suffisamment éloignée du camp pour faire un peu de bruit, maintenant. Elle se dressa sur ses pattes arrières, un peu comme le ferait les mangoustes, et regarda dans le nid... trois oeufs. Elle se lécha les babines... voila trois petites friandises qui feraient un petit-déjeuné facile ! Elle ouvrit la gueule, l'approcha du nid... puis finalement elle se ravisa, recula. Bien qu'elle ne les ait pas encore mangé, elle ressentait déjà une pointe de culpabilité lui percer le ventre... les druides l'avaient élevée en lui enseignant leur respect de la nature. Elle ne se nourrissaient pas uniquement de végétaux, comme-eux, car elle était carnivore, c'était ainsi et elle ne pouvait pas le changer, mais elle avait appris à ne tuer que lorsqu'il le fallait. Elle se laissa retomber lourdement sur ses quatre pattes et reprit sa route. Tuer des êtres aussi jeune aurait été un geste lâche, aux yeux de sa famille d'adoption...

Des bruits de pas attirèrent son attention... elle s’immobilisa et écouta... elle ne marchait jamais sur les sentiers de forêt, mais était assez près de l'un d'entre-eux pour entendre quand quelqu'un y marchait. Un druide se serait-il levé encore plus tôt qu'elle ? Elle flaira, mais l'individu se trouvait dans le mauvais sens du vent par-rapport à elle. Alors, prudente, elle s'approcha doucement du sentier, dissimulée par les arbres. Il y avait une forme humaine qui marchait sur le sentier... ce n'était pas un druide, elle en était certaine. Cette forme se dirigeait droit vers le campement ! Si les druides étaient découverts, ils... des années de haine envers les humains remontèrent en elle. Elle ne savait pas qui était cette femme, mais elle allait être la première à goûter à la vengeance qu'elle réservait à Uther Pendragon et à ses sujets.

Hummmmaiiiinnn !!!

S’exclama-t-elle, mais il n'était pas certain qu'elle puisse comprendre ce mot, car elle grogna en même-temps de le dire...

Rexia jaillit hors des fourrés et se jeta en-avant, frappant l'air d'un puissant coup de griffes... elle n'arriva pas à savoir si l'humaine l'esquiva, ou si elle rata tout-simplement son coup, mais elle griffa le tronc d'un arbre, arrachant des lambeaux d'écorce à la place du sang et de la chaire qu'elle attendait. La gueule ouverte, de la fumée noire sortant de ses naseaux, elle se tourna vers sa proie, prête à la dévorer vivante...

Intruse..... ou amie?

Rexia et Snow White

Je suis bien contente que Camelot possède son domaine. Mon royaume aussi, et j’adorais m’y promener avec Eryc. Dans la forêt, dans les bois, le lac. Les cascades étaient notre lieu préféré. Nous, nous y rendons souvent en amoureux, pour être seul. Khalan surveillait nos arrières, pas que nous ayons peur qu’on découvre notre relation. Tout le monde est au courant pour nous, mon père a accepté notre union. Il sait qu’Eryc sera me rendre heureuse et me protéger. C’est un chevalier après tout. Mais avec la mort de mon père et l’usurpation de ma belle mère, nous avons dus fuir Kalleigh. Nous avons trouvés refuge à Camelot. Au départ, Eryc et moi, nous n’étions pas très enthousiastes à l’idée d’aller là-bas. Nous connaissons Camelot, son histoire, et l’histoire de sa famille régente.

Uther Pendragon, l’ancien roi, détestait la magie, et l’avait interdit. Toute personne prit en flagrant délit d’utilisation de la magie, était condamnée à mort. Comment pouvait-il condamner quelque chose d’aussi magnifique. Il est vrai que la magie est parfois utilisée à de mauvaises fins, mais elle peut être bénéfique. Elle peut soigner les gens, les aider à cultiver leurs terres. Je ne comprends pas toute cette haine. Du temps du vivant d’Uther, je ne me serais jamais rendue dans ce royaume. J’avais trop peur qu’on découvre qui je suis vraiment. Puis, mon père n’avait pas de bonnes relations avec Uther, du fait que mon paternel acceptait la magie blanche. Après tout, il était un dragonnier, et ma mère, une magicienne. Mon père m’a toujours dit de rester sur mes gardes, avec un roi pareil.

Mais Uther est mort, et j’ose espérer que son fils, Arthur soit différent, vu qu’il a autorisé la magie. Après lui avoir demandé refuge auprès de lui, j’ai eu le droit à une chambre avec Eryc et une servante. Pas que j’en ai vraiment besoin, je sais me débrouiller seule. Je me sens bien installée, mais il me manque quelqu’un à mes côtés. Ma dragonne, Khalan, que j’avais laissée toute seule dans la forêt. Je ne voulais pas qu’on la traque comme une bête sauvage. Les dragons font peur aux humains, alors je me devais de la cacher.

Mais elle me manque, et c’est pour ça que j’ai décidée d’aller en forêt, pour lui rendre visite. En chemin, je sens comme une présence magique. Je m’aventure plus loin dans la forêt et la présence se fait plus importante. Soudain, je découvre une sorte de village perdue au milieu de la forêt. Je m’avance, quand tout à coup, un énorme dragon rouge apparait devant moi, et me fait tomber par terre. Il me regarde méchamment et ses naseaux sont à deux doigts de cracher du feu.

- Du calme, je ne te veux pas de mal. Je suis une dragonnière et je comprends les dragons

Khalan, où es-tu ? Comme répondant à mon appel, elle se met devant moi, pour me protéger. Et regarde le dragon avec rage

- « Ne t’avises jamais de poser la patte sur elle. Sinon, tu ne voleras plus jamais de ta vie »

code by © Emma

C'était bien là le grand problème de Rexia : ses druides et elle étaient coupés du monde, et ils n'avaient que peu d'informations sur ce qu'il se passait en dehors de la forêt... d'ailleurs, mis-à-part pour les tours de gardes, les druides semblaient s'intéresser plus à la croissance des arbres et aux maladies de tel animal qu'à leur propre survie... et tous, au camp où elle habitait, ignoraient encore que Uther Pendragon était mort, et que son fils avait accédé au trône. Depuis la grande purge, les druides évitaient le monde. D'ailleurs, cette nouvelle ne plairait pas forcément à la jeune dragonne rouge : elle aurait très sincèrement préférée que ce soit elle, qui plante ses griffes dans le ventre du défunt roi des hommes, ennemis de la magie et destructeur de la race dragonnique. Et lorsque Rexia se lançait dans des voyages en-dehors du camp... c'était le plus souvent pour chasser loin, sur des terres encore sauvages, où elle ne risquait pas de croiser de chasseur autre que quelques vagabond ne parlant même-pas la langue du royaume de là d'où elle venait, incapable donc de colporter la rumeur de son existence, et où elle était enfin hors de portée d'oreille des éternelles leçons des druides. Avant, elle partait également pour essayer de sentir l'odeur de son père, près de Camelot, et maintenant qu'il était libre, pour le chercher... elle ne s'approchait cependant jamais assez des humains pour entendre les nouvelles, les rumeurs et les ragots, comme la trahison de Morgane, la mort d'Uther, et les prouesses de son fils. Tout ce qu'elle savait de ce qu'il se passait chez les humains lui étaient colportés par les chants des oiseaux. Et, bien-sûr, elle connaissait encore moins la nouvelle de l'existence d'une dragonnière, et d'une autre dragonne aux écailles bleus...

L'humaine était tombée au sol, c'était surement ainsi qu'elle avait pue éviter son coup-de-griffes meurtrier... l'avait-elle fait exprès, ou était-elle tombée en voyant apparaître l'énorme masse écailleuse de Rexia ? Elle ne le savait pas, et en fait, elle s'en fichait... tout ce qui lui importait, maintenant, c'était que cette humaine était en situation de faiblesse, face à elle, couchée ainsi sur le dos, prête à se faire massacrer comme un mouton dans un abattoir. La jeune femelle n'avait plus qu'un choix à faire : l'écrasait-elle, la brûlait-elle, ou la dévorait-elle ? Dévorer ne plairait surement pas aux druides, bien moins que le reste, en tout-cas... mais ils n'étaient pas forcés de la savoir. Ce fut surement cette hésitation qui sauva la vie de la princesse...

Celle-ci tenta de la calmer en lui disant qu'elle était dragonnière... mais cela ne fit qu'agacer Rexia, et la fumée de ses naseaux s'intensifia... elle se croyait la dernière dragonne, et son père le dernier dragon au monde, alors pour elle, ce qu'elle disait ne pouvait être qu'une seule chose :

MENSONGE !!!

Hurla-t-elle, optant pour un bon coup de museau sur le crane, et fonçant vers elle, ravit d'avoir enfin l'occasion de tuer un humain...

Elle en fut empêchée par un mur de saphir qui sembla se matérialiser devant-elle... elle était tellement en colère, tellement concentrée sur son objectif meurtrier, qu'elle ne sut jamais d'où était venue cette autre dragonne. Rexia comprit à peine ce qu'elle lui disait... elle était trop frustrée d'avoir été interrompue. Elle lui fit face, grognant... on aurait dit deux lionnes se disputant un morceau de viande. Mais, petit-à-petit, le brouillard de rage qui recouvrait le cerveau de Rexia s'estompa, et très vite, elle se calma... elle était ébahi. Elle se redressa et regarda la dragonne bleue... elle avait du mal à trouver ses mots.

... une autre dragonne ?

Bredouilla-t-elle finalement,

tu es vraiment une autre dragonne ? Je croyais être la dernière.

Elle baissa les yeux vers l'humaine qui se cachait derrière-elle... et montra les dents. Elle ne pouvait pas s'en empêchait, elle avait trop de ressentiments contre les humains. Dans ses yeux, on ne pouvait lire que de la plus pure des haines lorsqu'elle regardait l'humaine... elle releva le museau vers la dragonne bleue, et là, son regard se transforma en joie... elle n'arrivait pas à croire que le malheur qu'elle avait toujours cru vrai, et que les druides lui avaient raconté, était faut. Elle finit par dire :

Je m'excuse d'avoir attaquer ta dragonnière...

elle ressentait un sentiment étrange, car elle était désolée pour la dragonne, mais certainement pas pour l'humaine.

Mais elle s'est approchée un peu trop près du camp de mes protecteurs et protégés. Je ne veux pas qu'elle mène des hommes d'Uther jusqu'à nous !

» (F) Bridget Regan - Femme de chambre & amie

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